Avec une telle déferlante, Cédric Leproust s’en donne à cœur joie. Le comédien est tour à tour colère, séduction, dégoût, scepticisme, provocation et jubilation. Même variété de tons chez Marc Berman, qui dialogue en musique avec le jeu théâtral. Sa partition, qui va du bruitisme aux mélodies les plus suaves, raconte bien les états d’âme et de corps de l’homme aux éclats de castrat. (Marie-Pierre Genecand, « Le Temps »).
Deux interprètes se sont jetés dans le texte de Lou Lepori, mais sans fards et sans paillettes. Le comédien Cédric Leproust, dont le physique filiforme n’est pas sans rappeler celui de la diva, donne vie à la flamboyance solitaire du personnage. Tant d’émotions traversent son visage et son corps qu’on a l’impression d’être en présence d’une diphtongue. Il met tout son être dans la performance, il est bouleversant. Quant au compositeur-interprète Marc Berman, sa musique donne du relief au texte tout en respectant sa propre qualité sonore. L’accompagnement à l’accordéon, ponctué de phrases musicales séraphiques échappées de la table de mixage, élève l’écoute du texte d’une manière inattendue (Michèle Laird, « Bon pour la tête »).
Velours cramoisi à l’intérieur, CD olive à l’intérieur. Plutôt que le fruit d’un spectacle, il en est la graine : ses artisans le livrerons sous forme de « concert parlé chanté ». Objet transgenre accouhé par la Compagnie Théâtre Tome Trois, il tresse à la diva queer, à l’icône kitsch, au martyr du sida que fut Klaus Nomi treize monologues en guise d’oraisons. Trente-cinq ans après l’extinction de son organe, le sulfureux haute-contre né Klaus Sperber en 1944 revit ici sous la plume ourlée de Lou Lepori, mais aussi sous le pinceau imaginatif d’Albertine. Transgressives, les pages du livre se dublent d’un enregistrement qui mêle au texte la musique de Marc Berman et le jeu de Cédric Leproust (Katja Berger, « La Tribune de Genève »).